Tous les automobilistes se souviennent de la cacophonie générale qui a suivi le Comité Interministériel pour la Sécurité Routière (CISR) du 11 mai dernier. En cause (notamment) la question de la suppression des panneaux de signalisation des radars automatiques.
Après de nombreux et incompréhensibles revirements, le gouvernement a finalement décidé de remplacer ces panneaux par des radars pédagogiques installés de façon plus aléatoire que les 400 mètres de rigueur avec les panneaux.
On pouvait s'interroger sur l'intérêt de cette mesure du strict point de vue de la sécurité routière, mais il est clair que le marketing politique a des raisons que le bon sens ignore. On reste désormais sans voix quand on découvre le coût de cette plaisanterie. Dans un entretien au Figaro, Claude Guéant explique ainsi que "le coût d'installation d'un radar pédagogique va dépendre des conditions d'implantation, mais le coût moyen est évalué à 10.000 euros". Un rapide calcul nous donne un facture d'environ 40 millions d'euros pour la mise en place des 4.000 appareils !
Mais le pire est encore à venir... Certains des radars pédagogiques qui ont déjà été installés sont tout simplement bons pour la benne ! C'est, par exemple, le cas pour deux appareils installés sur une portion quatre-voies de l'A 31 en Moselle. Ces appareils inadaptés au trafic sur cette portion d'autoroute délivraient aux automobilistes des informations totalement erronées... Résultat, d'après France Info, une explosion des excès de vitesse constatés par les « vrais » radars automatiques. Les chiffres se passent de commentaire : 450 flashs par jour pour ces appareils contre 230 avant l'installation des fameux radars pédagogiques !
Les défenseurs des automobilistes parlent souvent de piège à automobilistes mais là je ne vois pas d'autres mots...
Pourrait-il y avoir pire ? Et oui lorsque l'on sait qu'une note adressée aux préfets au mois de juin par les services de l'État recommandait justement de ne pas installer ces radars pédagogiques sur des axes comme l'A 31 : «Il faut restreindre leur – les radars pédagogiques - installation sur des axes à une ou deux voies de circulation dans le sens contrôlé. En effet, les radars pédagogiques permettant de contrôler plusieurs voies ne sont pas disponibles immédiatement.»
En attendant, les deux radars pédagogiques installés sur l'A 31 ont été retirés, mais combien d'automobilistes vont faire les frais d'une politique de sécurité routière totalement anarchique... nul ne le sait.
Jean-Baptiste le Dall,
Avocat à la Cour
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